Je suis dans l’avion de retour des États-Unis où 49 000 coureurs se sont alignés au départ du marathon de Chicago, un dimanche matin, à 7h30, un horaire que la plupart des gens considéraient comme trop matinal pour leur premier café de la journée… J’étais à la tête de ce groupe, conscient de l’épreuve difficile qui m’attendait, mais malgré tout, je ne pouvais contenir mon excitation !
L’intérêt pour les marathons est surprenant et paradoxal, notamment dans le monde dans lequel nous vivons : gratification instantanée, attention de plus en plus courte, livraison à domicile et récompenses sans effort. L’entraînement au marathon représente tout le contraire. Il nécessite des mois d’entraînement voire plus et, malgré tout, le succès n’est pas forcément garanti. Pour les marathoniens habitués comme moi, il ne s’agit pas d’une activité à cocher sur une liste des » choses à faire avant de mourir « , mais d’un véritable mode de vie, un état d’esprit sans lequel je n’aurais pas continué à m’améliorer au fil du temps, ni obtenu un nouveau record personnel ce week-end, à presque 45 ans. C’est ce que j’appelle un état d’esprit endurant.
Cet article porte sur la manière dont cet état d’esprit peut s’appliquer en dehors du domaine de la course à pied.
L’importance d’une perspective transversale
Outre ma passion pour la course, je nourris également un vif intérêt pour l’informatique. Actuellement, je me concentre sur les défis relatifs aux données, en mettant particulièrement l’accent sur les plateformes de données clients (CDP). Le domaine des « CDP » regorge d' »experts » qui répètent la même histoire, mais à travers des versions différentes.
Depuis plus de 30 ans, nous entendons toujours le même slogan « Vous avez besoin de notre grande base de données pour héberger votre vision unique du client et qui répondra à toutes les exigences de votre entreprise en matière de données… »
C’est en 1993 que Thomas Siebel a eu l’idée de soutenir le concept préexistant de CRM avec une base de données, une idée qu’il a développée en travaillant avec les grandes bases de données de l’époque, Sybase et Oracle.
En vérité, peu de ces experts osent sortir de leur zone de confort, et encore moins se posent la question de savoir pourquoi ils pensent de telle ou telle façon. Ce phénomène que l’on appelle « trained incapacity », que l’on peut traduire par une incapacité à se former, constitue l’une des raisons pour lesquelles il est compliqué de trouver des approches nouvelles et originales.
Dans son récent livre « Range », David Epstein met en lumière l’importance des perspectives transversales pour résoudre des problèmes dits complexes, là où les spécialistes sont souvent bloqués à cause de leur manière de penser. Cette approche est particulièrement pertinente dans des domaines d’action qui peuvent se révéler imprévisibles et complexes. Epstein illustre ses propos avec des exemples concrets issus de l’ingénierie, de la chimie et même de la recherche médicale. Il s’agit d’un excellent livre !
Parfois, il est nécessaire de s’aventurer au-delà de notre domaine d’expertise afin de découvrir un nouvel angle d’approche qui a été déterminant dans un domaine totalement différent. Cette démarche peut offrir une nouvelle perspective pour résoudre un problème.
Voici pourquoi je pense que l’état d’esprit et l’approche des marathoniens pourraient aider à résoudre le problème lié aux données.
Accepter la douleur
J’ai couru de nombreux marathons et il y a une chose n’a pas changé : c’est toujours aussi douloureux. Une fois franchi les deux tiers du parcours, c’est là que ça devient difficile, vraiment difficile. Et je ne suis pas le seul à ressentir cela, Eliud Kipchoge, détenteur du record du monde jusqu’à la semaine dernière, parle de la nécessité d’accepter la douleur pendant l’entraînement comme en course. Selon un mantra bien connu, la douleur est inévitable, la souffrance est un choix. Avant le départ, je sais d’avance que ça va être difficile, et c’est normal, il ne sert à rien de faire semblant du contraire.
Ce que je viens de dire trouve un écho dans le fait que les fournisseurs prétendent résoudre la douleur liée aux données. Et c’est faux. Votre organisation a des données cloisonnées et ces silos existent toujours après la mise en œuvre d’une plateforme de données clients (CDP). Le fait qu’il y ait une autre base de données consolidée au milieu (un autre silo ?) ne supprime pas les silos existants. Il faut accepter l’existence de ces silos, reconnaître ce problème et chercher à remédier à la « souffrance » qu’elle engendre.
La personne en charge de la gestion de la relation client qui peut accéder aux données dont elle a besoin se préoccupe-t-elle des silos sous-jacents ? Absolument pas ! Alors, il faut cesser de prétendre qu’il existe un monde de données sans difficulté. Il y a des silos, une qualité de données médiocre et de la complexité. Il faut d’abord accepter cette réalité, puis essayer de comprendre de quelle manière il est possible de soulager cette souffrance. Ou bien, vous pouvez aussi choisir de vivre dans le déni et d’acheter un cloud marketing miracle qui fera disparaître tous les problèmes grâce à une IA magique… dans ce cas, rendez-vous dans deux ans.
Rapport Coût/Poids
Tous les coureurs savent que chaque kilo supplémentaire a un coût énorme. Cela s’explique en partie par la tension que le poids exercé sur les articulations, mais aussi par l’énergie nécessaire pour porter ces kilos supplémentaires jusqu’à la ligne d’arrivée.
Le problème est similaire pour les logiciels. Les solutions lourdes sont coûteuses à mettre en œuvre et à faire fonctionner. Au début, cela donne l’impression qu’il n’y a pas de grande différence parce que les commerciaux ont tendance à faire des démonstrations du logiciel en fonction uniquement à sa vitesse maximale, mais sur le long terme cela n’est pas possible. C’est comme inscrire un coureur de 100 mètres à un marathon, il sera sûrement en tête de course pendant environ 7 minutes ; certainement très puissant mais trop lourds sur le long terme.
Ne vous méprenez pas, les muscles forts sont importants, mais les gros muscles sont, la plupart du temps, vaniteux. Il se peut que vous recherchiez une solution efficace pour vos données sans forcément avoir besoin d’une solution complexe ou onéreuse.
Choisir le bon équipement
Je suis un coureur passionné. Je fais attention à mon régime alimentaire et je personnalise mon plan d’entraînement en me basant sur les meilleures pratiques. C’est logique, car chaque coureur est différent. Mais il y a une chose que tous les coureurs font : nous choisissons nos équipements de course en fonction de ce qui convient le mieux à notre budget.
Je ne fabrique pas mes chaussures ; pour mes séances d’entraînement, j’ai opté pour une paire abordable de Hoka, tandis que pour des courses sérieuses, je préfère les luxueuses Nike Alpha-Fly. Bien que je sois un adepte d’Apple, je n’ai pas investi dans une jolie iWatch, car je considère qu’elle n’apporte pas grand-chose aux coureurs avertis. À la place, j’utilise une Garmin Fenix 7, robuste, offrant une autonomie de batterie de 14 jours et une multitude de données utiles. Mes vêtements de course, tels que les maillots de compression et les shorts, proviennent de deux marques différentes, mais toutes deux sont abordables et pratiques. Le short dispose d’une poche arrière idéale pour mon iPhone, tandis que mon maillot, bien qu’il ne soit peut-être pas adapté à tout le monde, me permet de transporter des gels énergétiques dans la manche. Mon cache-cou, sans marque apparente, que j’ai reçu gratuitement quelque part, répond parfaitement à mes besoins.
Ce qu’il faut retenir, c’est que l’ensemble de la tenue est composé des articles spécifiques qui me conviennent.
Vous voyez, les grands fournisseurs de CDP tape à l’œil essaient de convaincre tout le monde que leurs « chaussures » sont les meilleures, en vantant leurs vêtements, leur montre, leur bandeau et leurs lunettes de soleil. Ils promettent même l’arrivée prochaine de plaques de carbone dans leurs chaussures… Peut-être qu’un jour Nike fabriquera une montre de qualité et que Garmin produira des chaussures exceptionnelles. Mais pour l’instant, je préfère rester fidèle aux fournisseurs qui ont l’expertise et les produits pour le prouver !
Vu de l’extérieur, la situation des CDP semble assez excentrique. Imaginons un coureur qui achète tous les articles de sa tenue via un abonnement Nike qui facture en fonction de la distance parcourue en courant. Il est enthousiaste et trouve pratique d’avoir une seule marque pour tous ses besoins en équipement de course. Vous lui recommanderez sûrement poliment de réévaluer son plan. Mais c’est pourtant ce que proposent les clouds marketing et les CDP.
S’adapter à l’environnement
Si un coureur qui ne s’est entraîné que sur un seul type de terrain et dans un seul type de climat, il risque d’avoir une mauvaise surprise. Souvenez-vous de Paula Radcliffe aux Jeux olympiques d’Athènes : elle était la meilleure au monde, mais l’environnement a eu raison d’elle. Au fil des années, j’ai couru des marathons sous une pluie glaciale et à des températures qui atteignaient presque les 38°. J’ai couru des parcours décrits comme « assez plats » qui se sont révélés être des parcours complexes « avec les mains sur les genoux ». Ce n’est jamais deux fois la même chose, et c’est rarement ce à quoi on s’attend.
Courir en montée requiert une technique différente de celle utilisée pendant la course sur un terrain plat ou même sur un terrain en descente, mais il ne s’agit pas uniquement de technique, il faut aussi savoir adapter son équipement. Des chaussures qui sont légères et généralement utilisées pendant des températures sèches peuvent se transformer en éponge, retenir l’eau et devenir encombrantes même en cas de bruine, tandis que les sentiers rocailleux nécessitent des chaussures plus robustes offrant une meilleure adhérence. J’ai un sac à dos CamelBack pour transporter de l’eau les jours de grande chaleur, mais je ne le prends pas à chaque fois parce qu’il est lourd. Pour un marathon, je porte ma montre Fenix 7, mais je passe à la 920xt pour un triathlon car j’ai le support de vélo. Vous voyez ce que je veux dire…
S’adapter implique la capacité de changer en fonction de votre environnement et de ce que vous ressentez. Cela suppose d’utiliser votre expérience pour relever les défis du jour, sans se référer à une performance passée ou future. La question est : qu’est-ce qui se présente à vous aujourd’hui ?
Dans le monde des affaires, ce concept est connu sous le nom d’agilité et est souvent associé à la méthodologie de projet Scrum. L’agilité devrait être plus qu’une simple façon de gérer un projet, c’est un état d’esprit professionnel.
Il y a de nombreuses raisons pour lesquelles les entreprises ne sont pas agiles. L’une d’elles est le coût, un peu comme le fait d’être techniquement capable de porter n’importe quelles chaussures mais de ne pouvoir s’offrir qu’une seule paire. Une autre est la connaissance, un peu comme le fait d’avoir des gels énergétiques mais de ne pas savoir quand les prendre ou comment les consommer pendant la course. Et bien sûr, c’est parce que le changement est difficile, à la fois techniquement et psychologiquement.
La difficulté réside dans le fait que le changement climatique est en cours et les effets sont immédiats. Il faisait 28°C à Chicago le vendredi avant la course et 8°C deux jours plus tard. Pour les entreprises, les changements environnementaux se manifestent sous la forme de COVID-19, de pression sur la chaîne d’approvisionnement, de crise du coût de la vie, de changement climatique ou de taux d’intérêt. Pourtant, trop d’entreprises souffrent de la croyance qu’elles ne peuvent pas changer rapidement, que les projets de données prennent toujours des années et que le changement doit être complet et coûteux. Des croyances limitantes !
À emporter
Lorsque vous commencez à courir, terminer un marathon vous semble impossible. Une fois que vous avez adopté l’état d’esprit de la course de longue durée, terminer 42 km n’est qu’une des choses que vous pouvez faire. Avant même de vous en rendre compte, vous réaliserez que ce même état d’esprit peut vous permettre de courir 100 km.
Imaginez ce que votre entreprise pourrait faire si elle adoptait le même état d’esprit ! Il est temps d’adopter une approche moderne et agile !
Pour plus de ressources, consultez notre dernier livres blancs : Plus performant que les Cloud Marketing, pourquoi choisir une CDP moderne ? et Comment améliorer l’efficacité des Cloud marketing pour vos équipes CRM ?
par Mathieu Lavedrine, VP of Customer et Technology